A travers moi

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A travers moi

Aujourd'hui j'ai 18 ans 11 mois et 21 jours.

C'est à dire jour pour jour l'âge de mon frère quand il est décédé.

Ma mère n'a pas voulu qu'on touche à sa chambre. Elle est restée telle quelle. Elle vient l'aérer de temps en temps pour que la poussière ne s'accumule pas.

Si vous l'aviez connu ce frère, vous l'auriez tous aimé. Un grand machin d'1m85, bien carré. Une belle gueule d'acteur américain avec une énorme cicatrice sur la droite du front (mésaventures de ces 5 ans...). Il était brun, avec les mêmes yeux verts que moi.

Il plaisait à toutes les filles qui croisaient son regard, et sympathisait avec à peu près tout le monde. pour ça, on était différent, totalement.

Mais j'en étais térriblement fière. Je faisais n'importe quoi pour assister à une de ces réunions secrètes au grenier avec ces potes. J'adorais l'écouter parler de n'importe quoi, les yeux ébaillis. Je voulais juste lui ressembler, et n'importe quelles conneries étaient bonnes pour attirer son attention.

Le problème c'est que ce qui nous est arrivé gamin l'a beaucoup plus touché que moi, parce qu'il avait presque dix ans, et qu'il comprenait bien mieux que moi. Il a commencé à se droguer gentiment avec quelques joints par jour quand il a eu 13 ans. Ça a vite dégénéré.

Il se servait des filles comme de toutes les drogues qui lui tombaient entre les mains pour oublier, s'évader.

J'ai plus ou moins compris quand j'étais gosse, mais je ne me rendais pas compte. Il avait se besoin terrible d'être aimer. Et par tout le monde, pour recevoir une quantité encore plus grande d'amour. Des filles on en a vu passer une bonne cinquantaine. Il voulait combler à tout pris ce que ce connard nous avait enlevé à tous les deux

Un matin, j'avais tout juste 14 ans. J'ai grimpé l'escalier qui menait au grenier, qui était devenu sa chambre. Il était allongé sur le dos, la bouche et les yeux ouverts. Mort.

Je n'ai pas cherchais à vérifier, je ne l'ai même pas approché. Je suis retourné me coucher. En me réveillant je croyais, ou je voulais me persuadais que j'avais rêvé.J'espérais tellement fort qu'il soit dans le salon en train de regarder la télévision, la clope à la main.

Mais il y avait juste ma mère en pleure, mon beau père qui tentait de m'expliquer et des pompiers qui repartaient avec le corps de mon frère.

Je ne sais pas s'il existe des mots pour expliquer tout ça, mon état psychologique, mon sentiment face à la douleur de ma mère, et cette haine. Je n'y croyais pas. Comment aurais-je pu?

J'ai comprit à quel point on pouvait avoir mal en posant mon regard dans celui de ma mère, il était d'une tristesse indescriptible. Cette tristesse là l'habite encore.

Je reste persuadais qu'il n'a jamais voulu mourir, parce que tel que je le connaissais, il ne voulait que profiter. Il était très mal, mais il voulait s'en sortir.

Un mauvais mélange selon les médecins légistes. J'espère ne jamais savoir qui le lui avait donné.

Aujourd'hui j'ai décidé qu'il était temps d'exorciser un peu ce mal. J'ai poussé cette porte pour la première fois depuis le 4 mars 2000.

C'est difficile d'affronter cette réalité là, mais c'était nécessaire. J'ai parlé tout seul, avec lui. Mais il ne me répondais qu'avec le grincement criard de son planché.

Je me demande quel homme il aurait pu devenir, et quel homme je serais devenu, s'il n'était pas mort.

J'en ai longtemps voulu au monde entier. Et si ce connard ne nous avait jamais touché? Et si ma mère l'avait envoyé en cure de désintoxe? Et si ce pote dont je ne connais le nom ne lui avait jamais donné ce mélange? Et si une de ces pouffiasses aurait pu lui donner envie de s'accrocher à autre chose qu'à l'héroïne?

Mais j'ai comprit maintenant que ça ne me le ramènerait jamais.

Aujourd'hui plus que jamais, j'ai l'impréssion de vivre pour nous deux, qu'il vit à travers moi.

Je sais juste que j'ai eu un frère dont je peux être fière, malgré ses défauts, un frère que j'aime et qui me manque

Je tenais juste à dire qu'il s'appelait Thomas, que sa vie a eu une conséquence sur celle de beaucoup de gens et qu'il continura à vivre, tant qu'il y aura quelqu'un pour se souvenir de lui.

Ecrit par evan, le Vendredi 4 Février 2005, 18:18 dans la rubrique "Premiers Pas".

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Commentaires

titi-life

04-02-05 à 18:45

J'ai envie de t'écrire un commentaire, juste parce qu'on le voix, on le voix que tu en as souffert et que tu recommence à te reconstruire, juste te dire qu'il y a quelqu'un, une femme une homme qui t'attend qui va te faire vivre plein de chose.

Avec des si on pourrait refair eun monde, avec un homme à travers sois on peu être plus fort.

Je t'embrasse.

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